Les surfaces de moins de 1000 m ² vont-elles fleurir ?

30 novembre 2007 Economie 0 Comments Marie MEHAULT
Temps de lecture : 4 minutes

Libéralisation de l’ouverture des surfaces de moins de 1 000 m² :
trois enseignes témoignent.

La loi de modernisation de l’économie n’en finit plus de susciter le débat. Les sénateurs viennent de déposer plus de 1 000 amendements au projet de loi ! Et parmi les points litigieux : le relèvement du seuil de déclenchement de la procédure d’autorisation administrative de 300 à 1 000 m² pour l’ouverture des surfaces commerciales. Quand les uns arguent la simplification des procédures, les opposants dénoncent la libéralisation accrue de la concurrence en pointant surtout du doigt les hard discounts.


Dernier changement en date : les sénateurs ont étendu la possibilité de saisir la commission d’urbanisme aux villes de 20 000 habitants, quand les députés l’avaient seulement concédée aux communes de moins de 15 000 habitants.

 

Trois acteurs du secteur nous livrent leur avis sur la question.

 

« C’est la porte ouverte à une concurrence accrue »,
Antoine Pénet, Directeur expansion de Brico Dépôt

« Brico Dépôt, ce sont 94 magasins à prix discount de 1700 à 12000 m², répartis sur l’ensemble du territoire. Nous ne sommes donc pas concernés directement par l’éventuelle libéralisation de l’ouverture des commerces de moins de 1 000 m². Mais nous serions touchés indirectement car certaines enseignes spécialisées en papier peint, peinture, luminaire ou encore menuiserie, dont les surfaces sont plus petites, en bénéficieraient.

La voie s’ouvre donc à une concurrence accrue. Mais cela ne m’inquiète pas outre mesure puisque c’est surtout les hard discounts alimentaires qui en profiteraient. Pour l’instant, il leur est en effet difficile d’obtenir des autorisations d’ouverture. Le point positif de cette réforme serait que certaines enseignes n’ayant plus à passer par la Commission départementale d’équipement commercial, cela désengorgerait les CDEC, et donc cela aurait pour effet de raccourcir les délais pour tout le monde. »

 

« Nous sommes favorables à cette mesure »,
Bernardo Sanchez Incera, directeur général exécutif du groupe Monoprix

« Nous sommes favorables à cette mesure car celle-ci va favoriser l’ouverture de moyennes surfaces et donner plus de souplesse – ce qui est nécessaire – à l’ouverture des magasins. Cette disposition va également favoriser à moyen terme la concurrence et la diversité en centre-ville. »

Le groupe Monoprix mise sur une politique d’implantation à long terme. « Nous n’allons pas nous mettre à ouvrir des magasins partout parce que cette mesure sera votée. Nous continuerons bien sûr à étudier, comme nous l’avons toujours fait, toutes les données : l’environnement socio-économique, les besoins des consommateurs des quartiers dans lesquels nous nous implantons… »

Mais si cette mesure n’aura pas d’impact sur les ouvertures de magasins « Monoprix », leurs surfaces étant toujours supérieures à 1 000 m², le nouveau concept de magasin Monop’ va en bénéficier. « Jusque-là, nous ouvrions nos Monop’ dans des surfaces de 150 à 300 m². Le relèvement du seuil va nous permettre de choisir des surfaces parfois plus grandes, selon les quartiers et les environnements. Je ne dirais pas que nous allons ouvrir plus de magasins mais grâce à cette mesure, nous allons avoir plus de choix pour les surfaces et les emplacements. Une très bonne nouvelle ! »

 

« Quoi qu’il arrive, nous prévoyons d’ouvrir entre 55 et 60 magasins Ed en 2008 »,
Groupe Carrefour 

« L’évolution de la réglementation doit être l’occasion de simplifier, d’accélérer et de sécuriser les procédures. » En effet, Carrefour plaide pour des réponses plus rapides aux demandes d’installation ou d’agrandissement et pour une gestion des recours dans des délais raisonnables.

Avec près de 895 magasins Ed sur le territoire, le groupe Carrefour est un acteur majeur du hard discount en France. « Nous sommes favorables à la simplification des règles d’urbanisme commercial et au libre jeu de la concurrence, y compris si la loi débouche sur l’entrée de nouveaux acteurs. La nouvelle loi devrait faciliter l’ouverture des surfaces de moins de 1 000 m² et les hard discounts sont concernés au premier chef. Nous utiliserons donc le feu vert s’il y en a un. Quoi qu’il arrive, nous prévoyons d’ouvrir entre 55 et 60 magasins Ed en 2008 ».

Mais Carrefour rappelle que cette loi ne concerne pas que les hard discounts. « Relever le seuil à 1 000 m² permettra aussi de faciliter l’ouverture des commerces de proximité, voire de petits supermarchés. » Si elle est votée, cette réforme permettra donc au groupe de conforter sa stratégie multi-format. « Nous proposons le format le plus adapté aux besoins des localités dans lesquelles nous nous installons. »

 

Propos recueillis par Magali Morel pour Distrijob

 

 

Marie MEHAULT