Interview de Jérôme Bédier, président de la FCD

17 août 2011 Economie 0 Comments Marie MEHAULT
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« Le système des marges arrière est pervers, il contribue à l’augmentation des prix ! »

 

Distrijob : La réforme de la loi Galland est actuellement en discussion, que pensez-vous du projet de loi « pour le développement de la concurrence au service des consommateurs » ?

Jérôme Bédier : C’est une réforme à minima… Le gouvernement a décidé d’abaisser le seuil de revente à perte en y intégrant les marges arrière . Malheureusement, le projet actuel se contente de nous donner la possibilité de les retrancher du prix de vente, sans pour autant les supprimer. Pour nous, commerçants et distributeurs, il faut en finir avec ces fameuses marges arrière !

Pourquoi ?

Parce que ce système est pervers et qu’il contribue à l’augmentation des prix. Il faut arrêter de négocier des conditions de coopération commerciale, et transférer les discussions sur les tarifs et les produits. Nous voulons pouvoir négocier librement les prix avec les industriels qui, je le rappelle, fixent eux-mêmes les conditions tarifaires. La négociation, c’est la base de notre métier de commerçants.

Autre question « chaude » : pour ou contre l’ouverture des magasins le dimanche ?

Pour, évidemment. Cela peut créer des milliers d’emplois. L’ouverture le dimanche sera un facteur de plus grande consommation, donc elle favorisera l’embauche dans les magasins et créera de la dynamique dans les zones commerciales. Vous savez, les temps ont changé et les commerces sur Internet sont ouverts toute la semaine. Il faut quand même que nous puissions nous battre à armes égales. Une proposition de loi a été déposée le 24 octobre 2007, mais on ne sait pas encore ce que veut faire le gouvernement.

2008 approche à grands pas… L’année prochaine s’annonce-t-elle bonne pour l’emploi dans la distribution ?

Oui, elle se présente bien. Notre secteur reste créateur d’emplois, même si le phénomène est moins important qu’il y a une dizaine d’années. À l’époque, les entreprises créaient entre 15 000 et 20 000 emplois par an. L’an prochain, ce chiffre devrait plutôt osciller entre 3000 et 5000 nouveaux emplois.

Quelles sont les entreprises qui recrutent le plus actuellement ?

Toutes les entreprises de la distribution recrutent. De la superette de quartier à l’hypermarché, nos adhérents ont des besoins importants en matière de main-d’œuvre. Ils vont donc continuer à embaucher. Mais depuis deux ans, ce sont les maxi-discounteurs qui ont le plus recruté. Alors qu’ils ne représentent que 5 % des effectifs, ils créent plus de magasins que les autres enseignes.

Quels sont les postes les plus difficiles à pourvoir ?

Dans la grande distribution, il n’est pas toujours évident de recruter dans les rayons frais. Les grandes enseignes ont du mal à pourvoir les postes des métiers de bouche, car les professionnels formés tendent à manquer : poissonniers, bouchers, boulangers… Pour tenter de résoudre ce problème, les entreprises se tournent de plus en plus vers la promotion interne. Elles encouragent leurs employés à suivre des formations et à faire certifier leurs qualifications. C’est pour cela que nous avons mis en place les CQP (certificat de qualification professionnelle), créés il y a plus de 10 ans. Nous en sommes aujourd’hui à plus de 2000 diplômes validés. Cela permet, par exemple, aux caissières d’évoluer vers des métiers qui demandent plus de compétences, notamment dans ces fameux rayons frais où il y a de réels besoins.

 

Propos recueillis par Benjamin Metral pour Distrijob

 

 

Marie MEHAULT