Grandes vacances : l’incroyable succès des voyages en autocar !

15 juillet 2013 Transport 4 Comments Marie MEHAULT
Temps de lecture : 5 minutes

IDbusAvec la crise, les Français font de plus en plus attention à leur budget. Alors, les vacances avec des trajets en avion à mille euros, pour beaucoup, c’est terminé. Même le train finit par coûter trop cher aux ménages à revenus modestes, aux étudiants, ou aux retraités. Pour autant, les grandes vacances restent sacrées. LE moment de détente de l’année, celui où on se retrouve en famille, en grandes tribus, et où on aime bien partir pour le plaisir du dépaysement.


Alors, les estivants ont trouvé une autre solution pour partir à beaucoup, et pour pas cher, même loin : les trajets en autocar longue distance. La SNCF, mais aussi d’autres compagnies concurrentes, ont mis en place depuis quelques mois des réseaux de plus en plus étoffés de circuits qui vous permettent, pour une dépense comprise entre 35 et 85 euros, de rallier Paris à Amsterdam, Bruxelles, Milan, Turin, Aix-en-Provence ou encore Gênes. Plusieurs navettes par jour, des trajets de nuit encore moins chers, dans des cars tout confort dans lesquels on peut réserver longtemps à l’avance ou au contraire au dernier moment, sans frais supplémentaires.

accueil_passagers

Le succès est tel, qu’il ne se passe plus un mois sans l’ouverture d’une nouvelle ligne. Résultat : des destinations de plus en plus variées, et de plus en plus nombreuses. Pour le plus grand bonheur des vacanciers français qui veulent partir, mais aussi des touristes étrangers qui viennent ainsi plus aisément en France. Et ça, économiquement, c’est bon pour tout le monde ! « Nous avons la conviction qu’il y a un énorme marché à prendre », explique Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF Voyages à l’origine du service IDBus. « C’est un choix stratégique, tourné davantage vers les désirs et les possibilités financières du client, que vers la technologie, beaucoup plus onéreuse. »

passagerPour cet article, nous avons testé un trajet de nuit, depuis la gare routière de Paris Bercy jusque Bruxelles. Départ prévu à 21 heures, le car est presque plein. En majorité des familles nombreuses, des étudiants et des seniors. « Avec ce qu’on touche comme pension, on ne pas vraiment se permettre de prendre des moyens de transport plus rapides, mais très chers », raconte Josiane, 70 ans. « Ma fille vit en Belgique. Avant, je ne pouvais quasiment jamais voir mes petits enfants. Maintenant, j’y vais une ou deux fois par mois. Et ça me coûte seulement 25 euros pour l’aller-retour. Imbattable ! Evidemment, c’est fatiguant, mais maintenant je suis bien rodée : je prends mes boules quies, mon masque, de l’eau, un casse-croûte et un petit décontractant musculaire à base de plantes, et voilà ! »

autocarEffectivement, l’autocar est plutôt confortable : un mini-ascenseur pour les personnes à mobilité réduite, des appuie-têtes bien rembourrés et ajustables, un dossier inclinable, une tablette porte-gobelet, une prise et du wi-fi : aussi bien qu’en avion, le réseau en plus ! « Franchement, c’est nickel pour nous », se réjouit Sidonie, étudiante en lettres modernes. « Moi je vit avec 300 euros par mois, et ben ça m’a changé la vie ! Avec mon amoureux, on se fait un petit voyage une fois tous les deux ou trois mois. On est déjà allées à Milan, Marseille et Londres, tu voyages de nuit comme ça tu ne perds pas de temps, direct le lendemain matin tu pars visiter et faire du shopping, pour trois jours ça fait une seule nuit d’hôtel ou d’auberge de jeunesse à payer ! »

famillePour les grands départs en vacances de l’été, les réservations marchent du tonnerre. Les cars sont bien remplis. Les familles avec plusieurs enfants sont aussi ravies de la formule. « Bien sûr c’est crevant », admet Magalie, 35 ans, maman de 5 enfants. « Les enfants n’arrivent pas à dormir, ils se sentent confinés, ça les rend assez insupportables et le lendemain, comme ils sont épuisés, c’est compliqué aussi à gérer. Du coup, on ne fait pas ça pour le tourisme, juste pour aller voir la famille, quand on sait qu’on pourra se reposer le lendemain sans cavaler d’un musée à l’autre ! Mais voilà, on est 7, et pour aller voir mes parents à Lyon, par exemple, ça nous revient 230 euros aller retour, parce qu’il y a des tarifs de groupe, pour 4 places on n’en paye que 3 ! En avion, ça nous coûterait 2700 euros, et en train, 880 euros. Il n’y a pas photo !!! »

conducteurClaude, 35 ans, est chauffeur de car longue distance depuis 2008. C’est lui qui, ce jour là, est au volant du Paris-Bruxelles. Très serviable, pendant  l’embarquement. Il s’amuse à blaguer avec ses passagers… mais au moment du départ, il redevient très concentré. « C’est une grosse responsabilité, je prends mon rôle très au sérieux ». Sur la route, pas de bouchons, ça roule bien. Claude se détend. On lui demande comment il voit son métier, ses clients. « il y a les hommes d’affaires, polis mais distants ; les sportifs, souvent sympas mais parfois un peu trop potaches, irrespectueux du matériel et de la tranquillité des autres voyageurs ; les ados et les étudiants, le casque vissé sur les oreilles, et qui descendent fumer dès qu’on s’arrête ! Les stressés, qui s’assoient juste derrière nous pour surveiller notre vitesse et nous indiquer des itinéraires ! Ce sont souvent des seniors…  Et puis ceux qui sont bon enfant, les familles, les retraités tranquilles, et les touristes. »

Aujourd’hui, la plupart des compagnies emploient entre 50 et 200 capitaines, c’est-à-dire des conducteurs. Mais les recrutements sont permanents, à mesure que le réseau s’étoffe et que les cadences augmentent pour répondre à la demande. Il faut évidemment disposer du permis D, parler au moins l’anglais couramment, et avoir déjà une expérience dans le transport voyageurs. Chaque chauffeur effectue en moyenne 2000 kilomètre par semaine !

 

Marie MEHAULT