Naufrage du Grande America : zoom sur le métier de « dépollueur » des mers 21 mars 2019 Métier Marie MEHAULT Temps de lecture : 3 minutesCe sont eux, qui, à chaque nouveau naufrage, à chaque marée noire, interviennent pour aller nettoyer au mieux les océans et les mers pollués. Eux, qui font leur maximum pour éviter à chaque nouvelle catastrophe que ne survienne le pire, à la fois pour la flore et la faune sous marines, et pour les humains qui habitent le long des côtes menacées par les boulettes de fioul, les galettes, les déchets toxiques et autres hydrocarbures ou produits chimiques néfastes pour tout ce qu’il existe de vivant sur cette planète. « Eux », on les surnomme couramment les « dépollueurs ». Ce sont les équipages des « Bateaux d’Action de l’Etat en Mer », autrement appelés les BSAD, « Bâtiments de Soutien, d’Assistance et de Dépollution ». Leur travail : aspirer dans leurs soutes les dizaines ou les centaines de mètres cubes récupérés dans la mer après des collisions et/ou des naufrages de navires : le Grande America aujourd’hui, le Virginia hier, l’Ulysse avec lui, et tant d’autres encore auparavant. L’Ailette, le Jason, VN Sapeur, Alcyon, Argonaute…. Ce sont les petits noms de ces navires pas comme les autres, à bord desquels marins et officiers missionnés par les préfectures partent traquer la marée noire. « Ce sont des bateaux très particuliers, affrétés à l’année par la marine nationale », explique le CEPPOL, le Centres d’Expertises Pratiques de Lutte Anti Pollution. « De type AHTS comme on les appelle dans le jargon, ce sont des navires remorqueurs ravitailleurs releveurs d’ancres, qui permettent d’installer en haute mer, y compris quand les conditions météo ne sont pas évidentes, des moyens de lutte anti pollution comme des barrages de confinement, des équipements de pompage ou encore des récupérateurs. En intervention, ils peuvent être aidés par les BSR, les Bâtiments de Soutien Régional, également affrétés par la Marine. Mais aussi, par les équipages de Patrouilleurs de Service Public, chargés par exemple de mener les opérations d’épandage de dispersants, ou par des remorqueurs côtiers de la Marine. « Nos équipages doivent être à même de mener aussi bien des missions de chalutage et de pompage, que des opérations de mises en place de barrages statiques ou flottants, par exemple », explique le commandement des BSAD. « Nos hommes doivent aussi pouvoir plonger pour intervenir manuellement, en combinaisons étanches et masques, ils sont donc spécifiquement formés dans les cellules anti pollution de Toulon pour la Méditerranée, et de Brest pour l’Atlantique. Ils sont prêts à embarquer en une heure en cas d’alerte, et restent deux mois à bord avant d’être relayés. Ils peuvent aussi être appelés en renfort aux mini sous-marins de secours utilisés pour intervenir en cas d’accident d’un des sous-marins militaires français, ou encore sur des accidents lors de chantiers sous-marins avec risques de pollution subaquatique. Enfin, ils peuvent être amenés à intervenir pour des missions de lutte anti incendie sur des feux de navires au large des côtes ». Ensuite, c’est au tour des « voltigeurs » de la Marine Nationale d’intervenir : quand le plus gros de la pollution a été retiré grâce aux filets déployés par les navires dépollueurs, ces bateaux plus légers terminent minutieusement le travail. Les dernières boulettes d’hydrocarbures sont récupérées à la main, par les patrouilleurs de la marine, dans de petits filets. Un travail de précision, au plus près des zones touchées, et qui nécessite souvent de longues journées de travail pour quelques dizaines de mètres carrés d’eaux souillées. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT