Lundi de grève pour les dentistes

6 février 2014 Santé 1 Comment Marie MEHAULT
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assurance_maladieLeurs cabinets étaient pour la plupart fermés, ce lundi 3 février 2014 : c’est la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires, qui a appelé ses adhérents et tous les dentistes libéraux de France à faire grève pour protester, entre autres, contre le gel de leurs tarifs par l’Assurance Maladie. Déjà, la veille, dimanche 2 février, ceux qui étaient de garde n’ont pas assuré leur tour. Enfin, jusqu’à la fin de la semaine (samedi 8 février inclus), la télétransmission des feuilles de soins vers les Caisses Primaires d’Assurance Maladie sera bloquée.

 

soinLe syndicat explique vouloir « informer les patients sur la réalité trop souvent masquée de leurs remboursements, et rappeler l’Etat et l’Assurance Maladie à leurs responsabilités », a indiqué le secrétaire général de la CNSD Thierry Soulié. « Car l’Assurance Maladie s’est complètement désengagée du domaine bucco-dentaire : depuis 25 ans les tarifs sont les mêmes : 107,50 euros pour une couronne, par exemple. La Sécurité sociale ne rembourse que les 2/3 de cette somme, soit 75,25 euros. Il y a 25 ans, on pouvait peut-être encore proposer quelque chose à ce tarif-là. Aujourd’hui, c’est vraiment impossible. Résultat : soit nous rentrons dans nos frais et ce sont nos patients qui sont pénalisés, soit nous nous adaptons au remboursement proposé à nos patients pour qu’ils n’aient rien à sortir de leur poche et là c’est nous qui sommes déficitaires sur l’opération ».

 

remboursementEn clair, à en croire les représentants de la profession, « ce n’est pas le praticien qui est trop cher ou encore responsable du reste à charge des patients mais l’Assurance Maladie qui a bloqué les remboursements depuis un quart de siècle », comme l’explique Philippe Chazelle, stomatologue et président de l’Union Régionale des Professionnels de Santé – Médecins Libéraux à Lille. Dans une note de presse, la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires  convient que la mise en place de la CCAM dentaire (classification commune des actes médicaux), est une avancée, puisqu’elle sera accompagnée de revalorisations des soins conservateurs à compter de juin 2014 (entre 54 à 57 millions d’euros en année pleine). Mais selon cette note, cela ne suffit pas.

 

patientCar les frais de fonctionnement d’un cabinet dentaire représentent 65 % des recettes des cabinets, ce que le patient ignore le plus souvent. « Nous sommes obligés, pour nous en sortir, de compenser sans arrêt l’absence de revalorisation des actes à tarifs opposables (soins de prévention, soins conservateurs et chirurgicaux) en surfant sur les honoraires libres qui peuvent s’appliquer aux prothèses, par exemple », raconte Solen, dentiste à Cambon, pas loin de l’agglomération nantaise. « Du coup, ce sont ces actes là qui deviennent un frein à l’accès aux soins pour certains patients ». Une réponse à l’étude de 60 millions de consommateurs qui avait dénoncé, en novembre 2013, les « dérives tarifaires » de certains actes dentaires.

 

dentistesCe lundi 3 février 2014, la mobilisation devrait être très forte : « Nous avons atteint le stade de l’exaspération la plus totale et beaucoup de dentistes sont prêts à faire grève autant qu’il le faudra, même s’il faut penser au patient », explique la présidente du syndicat CNSD Catherine Mojaïsky. « Nous réclamons aussi la parution d’un décret qui nous permettra d’avoir des gardes un peu mieux rémunérées, dans les 75 euros la demi-journée, avec une majoration spécifique en cas d’intervention », poursuit-elle. Décret qui, à en croire le directeur de l’Assurance Maladie Frédéric Van Roekeghem, est déjà « en cours de rédaction ». Enfin, les dentistes français sont invités à faire entendre leur voix par le biais d’une pétition, et à participer à des actions de «tags de trottoir» avec la mention «depuis 25 ans la Sécu coule vos remboursements dentaires.» 

 

Comme les médecins, les dentistes sont autorisés à faire grève sauf si leur préfet de tutelle les assigne à assurer une continuité de soins. Cela pourrait être le cas dans la plupart des régions cette semaine, ce qui limitera forcément un peu l’impact du mouvement. Mais les dentistes semblent, cette fois, plus déterminés que jamais. Ils sont plus de 37.000, en France.

Marie MEHAULT