L’opération logistique de l’année : La Redoute rachetée par les Galeries Lafayette 4 septembre 2017 Economie Marie MEHAULT Temps de lecture : 3 minutesSa renommée, La Redoute la doit à son célèbre catalogue : dans les années 1960 déjà, la moitié des familles françaises font leurs achats par correspondance. L’entreprise se hisse au rang de leader du secteur de la VAD, la vente à distance. Mais en 2014, cette institution s’écroule : son actionnaire se retire, et 1200 emplois sont supprimés. L’entreprise est sur le point de disparaître, lorsqu’elle est vendue pour 1 euro symbolique aux salariés. Contre toute attente, ceux-ci lui offrent une véritable résurrection, en misant, finalement, sur ce qui a toujours été la clé de son succès : la vente à distance, version 2.0, c’est-à-dire internet. Autre changement décisif, La Redoute se recentre sur la mode et la décoration, se modernise, redevient furieusement au goût du jour, grâce à ceux qui la font vivre au jour le jour : ses salariés. « Le fait d’être actionnaires, finalement, a boosté notre envie de dynamisme et de créativité, comme si, de cette entreprise séculaire, nous avions fait une start up, en tout cas dans l’esprit », raconte une salariée. « Le fait de savoir que nous bénéficions tous des résultats de l’entreprise, c’est extrêmement motivant ! ». L’atout de la Redoute aujourd’hui : une plateforme logistique ultra moderne, sur lequel repose tout le modèle de cette nouvelle réussite, depuis 2 ans. Il permet de livrer les achats en moins de deux heures au lieu de deux jours. Et c’est cet aspect là de la transaction qui a déclenché le désir d’achat des Galeries Lafayette : « On s’est lancés sur internet depuis maintenant quelques années avec galerieslafayette.com, mais ça reste marginal dans notre offre », explique Nicolas Houzé, PDG des Galeries. « Le rachat de La Redoute va nous permettre de continuer à accélérer dans cette digitalisation nécessaire aujourd’hui, pour les grands magasins ». Géographiquement parlant, le dispositif logistique de la Redoute se situe à Roubaix, dans les Hauts de France, au nord de l’hexagone. Une place de choix dans le domaine de la VAD, à courte distance de quatre métropoles européennes : Paris, Londres, Bruxelles et Amsterdam. Cela permet « d’arroser » l’ensemble des pays du Vieux Continent. Aujourd’hui, La Redoute est rachetée par les Galeries Lafayette, à hauteur de 51% des parts. « La Redoute et les galeries Lafayette sont deux marques importantes aujourd’hui pour les clients, français mais aussi étrangers », analyse Philippe Houzé, président du directoire du groupe Galeries Lafayette. « Ce sont deux institutions de respectivement 180 et 125 ans, et qui aujourd’hui ont réussi à se hisser sur la première marche du podium de la mode et de la déco françaises. Nous espérons que le nouvel ensemble pèsera 5.5 milliards d’euros d’ici 2020 ». Nathalie Balla, co-présidente de La Redoute, considérée comme la femme qui a sauvé l’enseigne il y a trois ans, se veut rassurante pour les salariés : « Le savoir-faire technologique et logistique de La Redoute, et la notoriété des Galeries Lafayette en tant que grand magasin, se complètent très bien pour faire émerger un leadership mode et maison sur tous les canaux de distribution, et donner un avenir La Redoute. Nous allons créer un ensemble de 20 millions de clients qui fait travailler 16 000 collaborateurs, avec une meilleure connaissance des clients, un groupage financier des achats d’espaces publicitaires, et des livraisons encore plus rapides. Cela va par exemple nous permettre de mettre davantage l’accent sur la recherche et développement dans le domaine de la logistique, du stockage, des inventaires, des préparations de commandes, du transport… Si ça n’était pas une bonne alliance, nous ne l’aurions pas faite ! ». Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT