Heppner : une success story à la française

27 février 2017 Transport Marie MEHAULT
Temps de lecture : 4 minutes

5Heppner, c’est le genre d’histoire entrepreneuriale dont on rêve tous : celle d’une affaire qui va mal, reprise par une petite cellule familiale… et qui devient de l’or en barre. C’est exactement comme cela que s’est passée l’aventure de la famille Schmitt dans le transport et la logistique : à partir du rachat d’une société de transport en faillite, en 1925, les Schmitt ont créé la toute première entreprise indépendante de transport et de logistique dans l’Hexagone. Une affaire qui roule… et ce n’est pas simplement un jeu de mot. Aujourd’hui, Heppner, c’est 650 millions d’euros de chiffre d’affaire, une centaine de sites en France, 500 camions, plus de 3000 salariés, 8000 clients, et un début de transposition du modèle à l’international, avec déjà 6 agences en Allemagne et 134 pays desservis. Jean Schmitt, le père, a été le directeur de la société pendant un demi siècle. En 2015, son fils Jean-Thomas lui a succédé. Sa fille, elle, s’occupe des comptes. Au total, Heppner représente une histoire qui court déjà sur quatre générations.

 

6Tout a commencé en 1925, lorsque la famille Schmitt rachète une entreprise allemande de roulage à chevaux, sur les bords du Rhin, en Alsace. Le matériel ? A peine 5 attelages, en tout et pour tout. 40 ans et quelques camions plus tard, en 1965, l’entreprise compte déjà 400 personnes. Jean Schmitt a alors 25 ans. Il sera d’abord responsable d’agence, puis directeur commercial : « je me sentais vraiment comme l’héritier d’une très belle entreprise, une affaire fructueuse que l’on m’avait transmise. Et j’ai la fierté aujourd’hui de pouvoir dire que je n’ai jamais licencié, bien que l’entreprise a vécu l’arrivée, féroce, de la concurrence des pays d’Europe de l’Est, touts proches de nous, de l’autre côté de l’Allemagne ». Le seul moment où Jean Schmitt s’est fait peur ? En 1984 lors du rachat, risqué, d’un concurrent, à Lyon. Mais depuis plus de 30 ans maintenant, Heppner, du nom de l’entreprise allemande d’origine, se porte comme un charme.

 

4 Clara, Jean et Jean-Thomas Schmitt

Clara, Jean et Jean-Thomas Schmitt

Aujourd’hui, c’est donc Jean-Thomas Schmitt, le fils, qui a pris la direction du groupe. Avec la même force tranquille que son père. « J’ai fait mon premier stage dans les entrepôts familiaux, avec un chef de quai qui est toujours dans l’entreprise aujourd’hui », sourit-il, brun, dynamique, chaleureux. « Ni mon arrière grand-père n’a écrasé mon grand-père, ni mon grand-père n’a écrasé mon père, ni mon père ne nous a écrasés ma sœur et moi. C’est une histoire de famille très simple, sans pression, sans rivalité. Chaque aîné a simplement attendu que la génération suivante soit mûre pour lui transmettre le bébé. C’est aussi simple que cela ! Un projet de continuité sans obligation. Par exemple ma sœur, Clara, n’a pas souhaité travailler avec nous au début. Elle est venue plus tard, par envie ».

 

3 Jean Thomas SCHMITT

Jean Thomas SCHMITT

Aujourd’hui, son défi : faire rouler toujours plus loin les fameux camions verts d’Heppner. « Nous ne devons jamais nous reposer sur nos lauriers, et nous continuons sans cesse à étendre nos positions stratégiques. Même en région Est, qui est notre région d’origine, nous continuons à nous développer. Nous avons inauguré il n’y a pas si longtemps une nouvelle agence de messagerie, à Ennery, par exemple. Elle fait 4500 m², mais elle est extensible à plus de 6000 m², pour notre développement à plus long terme. Notre atout, c’est aussi de savoir proposer à nos clients des combinaisons variées de savoir-faire combinés, que nous déclinons quasiment sur mesure en fonction de la demande. C’est rare, finalement, dans le secteur du transport et de la logistique, où tout est aujourd’hui tellement automatisé, rentabilisé, en termes de surface, de distances, de temps, qu’il devient difficile pour le client de trouver du sur-mesure. C’est le luxe que nous offrons ».

 

10Autre challenge pour demain : le numérique. « Pour être rentable dans ce métier, il faut être dans le TOP 5 des entreprises du secteur. Et pour être sur le podium, il faut être dans l’ère du digital. Nous travaillons avec Amazon, il y a aussi Chronopost : aujourd’hui c’est le e-commerce qui commande. Etre à l’heure du numérique, c’est être capable d’une informatique pointue et d’une livraison agile, c’est ce que veut le client en 2017, et il sera de plus en plus exigeant. Il faut répondre aux nouvelles attentes pour rester forts sur un marché en évolution constante et rapide, voire fulgurante. D’ici à 2020, nous avons donc un plan d’investissement de 20 millions d’euros pour de nouveaux outils, dans cette perspective de la logistique digitalisée ».

 

 

Marie MEHAULT