Produire français : le secteur du paramédical donne l’exemple

17 juin 2013 Société Marie MEHAULT
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BrossesC’est un cas d’école : la Brosserie Française fait partie de ces entreprises qui ont fait le choix de faire face à la crise en relocalisant leur production dans l’Hexagone. Alors que le ministre du redressement Productif, Arnaud Montebourg, lançait encore un appel au « produire français » ce vendredi 14 juin, le secteur de l’hygiène et du paramédical se distingue.

 

employeCar la Brosserie Française, si cela ne vous dit pas grand-chose, c’est cette entreprise qui produit une marque de brosses à dents que tout le monde connaît, vendue en pharmacie et grandes surfaces : Bioseptyl. Rappelez vous, cette publicité avec Henri Salvador, à la fin des années 1990, qui se lavait frénétiquement les dents… c’était déjà ça ! Située à Beauvais, dans l’Oise, l’usine de production fabrique 8 millions de brosses à dents par an, du haut de gamme spécifiquement destiné aux différentes pathologies buco-dentaires : gencives sensibles, collets dénudés, lavage des dents après une chirurgie, etc… En un an, la marque a multiplié par dix le nombre de ses points de vente.

directeurLa raison du succès ? Incroyable mais vrai : la Brosserie Française, qui fabriquait les deux tiers de sa production en Chine, a fait le choix de relocaliser à 100% en France. « Evidemment, ce n’est pas tout rose », admet Olivier Remoissonnet, le directeur. « Nous sommes passés par des phases très dures, notamment l’an dernier, où nous avons été placés en liquidation judiciaire. Il n’y avait aucun repreneur. Avec deux autres anciens cadres de la boîte, j’ai donc racheté l’entreprise. Et nous avons réussi à sauver 29 emplois, sur 70 environ. Aujourd’hui, chaque jour, il faut faire très attention à tout, et miser énormément sur la recherche et l’innovation, pour se distingue des hard discounter du secteur, qui produisent tous dans les pays à bas prix. »

Brosserie_FrancaiseDes efforts au quotidien, pour une belle cause : sauver la brosserie en France. Car c’est la dernière usine du pays où l’on fabrique encore des brosses à dents. Pourtant, la Vallée de l’Oise a été le fleuron de cette activité, pendant des décennies… Au début du siècle, des dizaines d’entreprises fabriquaient à Beauvais des brosses à dents, mais aussi des brosses à cheveux, des blaireaux de rasage, des pinceaux… L’empoilage est en Picardie une tradition et un savoir faire uniques, auxquels des milliers de familles sont attachés.

entrepotD’ailleurs, lorsqu’on pénètre dans l’immense entrepôt où s’affairent les salariés de la Brosserie Française, on perçoit immédiatement que le lieu a une âme. Les machines bruissent mécaniquement sous les yeux des conducteurs de lignes, concentrés et méticuleux. Ici, on surveille la taille des poils de brosse à dents selon une courbure particulière, ailleurs, on conditionne, plus loin encore, on expédie la marchandise. Certains salariés sont les descendants de générations de brossiers, comme Bernard, qui a déjà passé ici 36 ans de sa vie, et dont le grand-père était dans le métier lui aussi. « On est conscients de notre chance, d’être encore là, après la tourmente par laquelle on est passé l’année dernière. Aujourd’hui, on vient chaque matin au travail avec du baume au cœur, et une motivation renouvelée. Même si on pense chaque jour à tous les copains qui ont du partir », raconte-t-il.

production_francaiseL’initiative de relocaliser en France, si elle sauve une trentaine d’emplois, est donc aussi et surtout un symbole fort, pour toute une région. Et une petite lueur d’espoir, en ces temps économiquement compliqués : car même si ses produits sont haut de gamme, la Brosserie Française a réussi à garder tous ses clients avec une politique de prix très abordable. Preuve que le « made in France » peut rimer avec rentabilité, compétitivité… et se refaire une place au soleil, dans les années qui viennent.

 

Marie MEHAULT