Médecines parallèles : y croyez-vous ? 30 juillet 2013 Métiers Marie MEHAULT Temps de lecture : 3 minutesIl y a quelques années encore, si vous parliez à votre médecin généraliste d’ostéopathie, d’hypnose, d’acupuncture ou de méditation, il levait les yeux aux ciel. Ces spécialités, non seulement n’étaient pas reconnues, mais véhiculaient encore une réputation de pratiques charlatanesques. Guérir par les plantes, le jeûne ou l’homéopathie : foutaises, pensaient la plupart des professionnels de santé. Aujourd’hui, la donne a bien changé. Et si elle a changé, c’est à la demande des patients : à force de les voir consulter des professionnels spécialisés dans les médecines parallèles, en se fichant pertinemment de savoir si elles étaient reconnues ou non, les grandes structures classiques ont fini par réviser a minima leur jugement. Si aujourd’hui, 1 Français sur 3 a recours régulièrement à une thérapie complémentaire, cela ne peut pas être uniquement dû aux miracles de l’effet placebo. C’est forcément qu’il y a des résultats. Alors, les hôpitaux, les cliniques et les cabinets classiques en sont venus, à leur tour, à compléter leurs protocoles de soins habituels par des séances de médecines douces. Désormais, même le Conseil National de l’Ordre des Médecins en reconnaît certaines : l’acupuncture, l’homéopathie, la mésothérapie, et l’ostéopathie. « C’est déjà pas mal », estime le docteur Sotero, ostéopathe depuis des années en Normandie. « Au début, il fallait pratiquement se cacher pour faire ces séances là, de peur de faire fuir la clientèle classique. On prenait l’ostéopathie quasiment pour de la sorcellerie ! ». En France, aujourd’hui, plus d’une quinzaine de grands centres hospitaliers universitaires ont recours tous les jours à ces disciplines. En gynécologie, obstétrique, gériatrie ou tabacologie, par exemple. Et même en oncologie, où l’on soigne des cancéreux, 1 patient sur 3 peut bénéficier d’un soulagement par thérapie complémentaire, comme l’hypnothérapie ou le shiatsu. Cela permet de réduire certains effets secondaires, d’atténuer les douleurs liées à une chimio, de faire disparaitre des vertiges, de renforcer l’immunité ou encore, de diminuer les doses de morphine en travaillant sur la perception de la douleur. Attention, pas question pour autant de les prendre trop au sérieux ! « Ce sont des soins complémentaires, qui ne pourront jamais se substituer aux médecines conventionnelles, soyons clairs ! » affirment les chefs de services. Il faut dire que les différents scandales sanitaires, comme le médiator par exemple, ont ébranlé la confiance des usagers dans les grands laboratoires pharmaceutiques. Malgré cela, ce sont eux qui détiennent encore le pouvoir, financier notamment. Quand il s’agit de réaliser des études scientifiques sur l’efficacité d’un médicament, par exemple, les aides financières seront toujours accordées en priorité à un médicament « standard » plutôt qu’à un médicament homéopathique. Ainsi en Ile-de-France, pour 900 projets de recherche, seulement 9 concernent des thérapies complémentaires. « C’est le pot de terre contre le pot de fer », regrette Alain Baumelou, spécialiste en médecine chinoise. « Les médecines douces ne font pas le poids face aux lobbys les plus puissants ! ». Attention cependant de ne pas faire d’amalgames : il y a encore un gouffre entre l’homéopathie ou l’acupuncture, et certaines médecines dites « holistiques », qui font de l’émotionnel ou de l’esprit leur fond de commerce. Le Sénat vient notamment de publier un rapport sur les « Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en danger », qui pointe du doigts la prolifération de pratiques à l’extrême limite de la légalité, ou divers gourous et rebouteux prétendent guérir tout et n’importe quoi par la simple force du mental ou des plantes. Certains patients finissent par refuser toute autre forme de soins. Et en meurent. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT