Carrefour, Auchan : du nouveau pour l’emploi 16 mai 2019 Emploi Marie MEHAULT Temps de lecture : 4 minutesLa semaine aura finalement été plutôt rassurante, pour les salariés des deux enseignes de la grande distribution française : même si la conjoncture et le moral ont déjà été meilleurs, les nouvelles de la mi mai sont plus rassurantes que celles du début de mois : voici les infos qu’il ne fallait pas rater depuis notre dernier article : D’abord, Carrefour a trouvé un accord avec les syndicats majoritaires du groupe (FO et la CGC) pour son projet de rupture conventionnelle collective dans ses hypermarchés, pour les secteurs des caisses de stations services, de la bijouterie, de l’électroménager et du multimédia, et pour certains de ses services administratifs (paye, managers). Evidemment, tout le monde aurait préféré que ce plan n’ait pas besoin d’exister, mais en l’état des choses, cet accord signifie tout de même un moindre mal pour les personnels concernés. Syndicats et direction se sont d’abord mis d’accord sur un chiffre plafond, fixé à 3000 départs maximum, dont moins de la moitié seront des suppressions de postes (1230 postes exactement), le reste étant composé de départs en retraite et de départs volontaires, grâce à la fameuse possibilité de rupture conventionnelle. Les deux syndicats non signataires, la CGT et la CFDT, refusent un plan de « destruction de l’emploi » et estiment que la date du 31 décembre 2019 comme date butoir pour trouver un nouveau projet professionnel, pour les salariés ayant des envie de départ volontaire, est trop rapprochée et que « rien de concret n’est possible en à peine 6 mois ». Mais la direction se veut rassurante : « le seuil des 3000 postes ne sera pas dépassé, et pour ceux qui souhaitent partir sur la base du volontariat, nous regarderons avec eux les bases de leurs nouveaux projets professionnels, nous les aiderons, nous les accompagnerons, et le rythme des suppressions de postes sera calé sur les solutions trouvées par chacun des volontaires au départ pour ménager son avenir professionnel », assure-t-elle. Du côté des Ressources Humaines Groupe, on rappelle que le chiffre des 3000 emplois est, certes, un maximum, mais aussi que dans tous les cas, « il doit permettre aux salariés les plus âgés et à tous ceux qui n’envisagent pas la suite dans le groupe, de partir dans les meilleures conditions, mais aussi à d’autres salariés de rester. Ainsi, une fois leur poste libéré par les personnes en partance dans des secteurs que nous voulons faire prospérer, comme l’alimentaire, ces postes pourront être proposés en reclassement à d’autres salariés plus jeunes et qui souhaitent continuer à travailler pour notre enseigne, mais dont les contrats concernent les secteurs supprimés ». Reste à faire valider le texte signé par les parties par la Direction régionale du Travail (Direccte). Du côté d’Auchan, les nouvelles ont été mauvaises pour les salariés de l’enseigne au Vietnam et en Italie, puisque le groupe Mulliez a décidé de fermer la quasi totalité de ses magasins dans ces deux pays, dans lesquels il est pourtant installé depuis longtemps (30 ans, pour ce qui concerne l’Italie). Mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les personnels des magasins du Nordiste en France en ont conclu, à juste titre (la direction confirme) que ces cessions de points de vente à l’étranger allaient pouvoir permettre au groupe de résorber au moins en partie le milliard d’euros de pertes subies en 2018, et de pouvoir recentrer ses investissements sur ses magasins et ses salariés français. Même si cela ne devrait pas empêcher le distributeur à l’Oiseau de fermer les 21 sites prévus en France, les moins rentables (lire notre article), ce désengagement dans d’autres pays laisse quand même penser que la vente des 1600 magasins d’Auchan Retail Italie et la reprise, par le groupe Conad, des 14 600 salariés italiens en même temps que des points de vente, pour justement 1 milliard d’euros, va aérer la trésorerie et permettre de préserver l’emploi restant en France, où Auchan fait travailler près de 75 000 personnes (c’est l’un des plus gros employeurs privés de l’Hexagone). Pour ce qui concerne le Vietnam, les 18 magasins Auchan seront aussi vendus (chiffre d’affaires : 45 millions d’euros annuels), et ces actifs intéressent d’ores et déjà plusieurs éventuels repreneurs. Magasins déjà vendus en Italie, bientôt au Vietnam : manifestement, Auchan devrait récupérer rapidement de quoi se remettre à flot financièrement. Au moins pour le moment. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT