Distribution : la Saint-Valentin booste l’emploi par intérim 11 février 2019 Emploi Marie MEHAULT Temps de lecture : 4 minutesTraditionnellement, les grandes plateformes logistiques recrutent pour la Saint-Valentin, tout comme les grandes enseignes de la distribution : plusieurs centaines dans les entrepôts logistiques, chez Amazon, Cdiscount, Rue du Commerce, Rakuten (ex PriceMinister) ou Vente-privée.com. Et sans doute plusieurs dizaines de milliers dans l’ensemble des grandes surfaces et des commerces français : fleurs, nourriture, vins et spiritueux, parfumerie, bijoux, accessoires, loisirs, distribution de spectacles, tour opérateurs… La fête des amoureux, taxée de « fête commerciale » par ses détracteurs, est dans les faits une opportunité à ne pas manquer pour réussir son chiffre d’affaires du premier trimestre. Et pour cela, les recruteurs sont prêts à consacrer une belle enveloppe au renforcement de leurs troupes dans les boutiques comme en coulisses. « D’autant que, cette année, le dernier trimestre 2018 a été complètement dévasté par les gilets jaunes… nous comptons donc vraiment énormément sur la Saint-Valentin pour nous rattraper, en tablant sur le fête que les consommateurs se rattraperont, eux aussi, à cette occasion, d’un noël et d’un jour de l’an en sous-régime à cause de cette crise », explique l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques). « La Saint-Valentin chaque année, c’est un mois de chiffre d’affaires en un seul jour, un véritable jackpot pour les distributeurs de fleurs, de bijoux, de parfums notamment, et globalement pour les tous secteurs du cadeau et du sentiment. Les voyagistes, le prêt à porter, tout le monde en profite, encore faut-il être prêt pour satisfaire la demande, et c’est pour cette raison que l’intérim marche à fond sur la période : une période intense, qui ne dure que quelques jours, les deux premières semaines de février, mais qui rapporte gros pour peu qu’on soit bien préparé. Et l’emploi est la clé de cette préparation », analyse l’Observatoire Cetelem, spécialisé dans les études sur le pouvoir d’achat et la consommation. « En moyenne, à la Saint-Valentin, on observe que l’emploi bondit de 30 à 40% dans quatre secteurs forts de la distribution : les mets fins, la lingerie, les fleurs et la cosmétique. Non seulement parce que les amoureux font des cadeaux à leurs femmes, mais aussi parce les amoureuses veulent se faire belles pour l’occasion et dépensent elles-mêmes énormément en amont pour être prêtes le jour J. Surtout, on constate que des secteurs jusqu’alors moins rentables le deviennent depuis quelques années, dans la mesure où les femmes investissent de plus en plus dans des cadeaux coûteux pour leurs hommes le jour de la Saint-Valentin, alors que jusqu’à récemment la tradition voulait plutôt que ce soit une fête galante uniquement dans le sens homme femme, et non l’inverse. Le résultat, c’est que des secteurs comme l’automobile, le bateau, le prêt à porter masculin, la parfumerie masculine, les accessoires pour hommes, la distribution de produits sportifs, les montres, réalisent aussi désormais de très bons résultats au mois de février grâce à cette fête, et recrutent en conséquence ». Surtout, contrairement aux soldes ou au Black Friday, la Saint-Valentin est une occasion de vendre au prix fort : « on constate généralement que les prix grimpent au moment de la Saint-Valentin, parce qu’on joue sur les sentiments : on estime que les amoureux ne chipoteront pas sur les montants demandés pour faire plaisir à l’être aimé ! C’est donc encore plus rentable, et c’est pour cela que le coût des embauches pour la période est facilement amorti, et que donc les recruteurs n’hésitent pas à faire travailler beaucoup de monde », explique un chercheur sur les comportements du consommateur et les stratégies marketing de l’Université Paul Valéry, à Montpellier. « Face à la crise des gilets jaunes, à l’ambiance particulièrement morose dans le pays en ce moment, à la routine du quotidien, la Saint-Valentin arrive comme un exutoire, un moment particulier où on s’autorise un pic de dépenses, parfois folles, pour se faire du bien et se réfugier dans une valeur qui rassure : l’amour. C’est là-dessus que les enseignes jouent dans leurs stratégies marketing pour faire venir chez elles les consommateurs en quête du ou des achats ad hoc pour leur soirée en amoureux : 99% des Français fêtent la Saint-Valentin avec au moins un cadeau ! Par exemple, pour les voyagistes, ce qui compte c’est de partir à deux, à la rigueur peu importe où, ce qui permet aux tours opérateurs de proposer des offres attractives, pour des destinations sur lesquelles ils ont du mal à vendre le reste du temps… et ça marche ! Résultat : dans la quasi-totalité des secteurs marchands, la Saint-Valentin rime aussi avec fête de l’emploi, temporaire en tout cas ». Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT