Journée de la femme : dans la logistique et le transport, il reste du boulot ! 8 mars 2017 Transport Marie MEHAULT Temps de lecture : 5 minutesC’est ce mercredi 8 mars la journée de la femme… et il n’y a pas qu’en politique qu’on est encore bien loin de l’égalité hommes femmes, en France. Dans de très nombreux secteurs de l’économie, les disparités entre les sexes sont encore extrêmement marquées. Le transport et la logistique sont loin de figurer parmi les bons élèves en la matière ! A la tête des grandes entreprises du transport et de la logistique : Nous nous sommes basés sur les 28 329 entreprises de « transports terrestres et par conduites » répertoriées par le site verif.fr, ainsi que sur leur liste de 769 entreprises répertoriées dans l’activité « transport par voie d’eau », leur liste de 233 entreprises répertoriées dans le « transport aérien », nous avons aussi consulté le classement des plus grosses entreprises ferroviaires et celui des 100 premières entreprises françaises spécialisées dans le transport et la logistique. Alors…. qui dirige la SNCF ? Un homme. Air France ? Un homme. La RATP ? Une femme !!! DHL ? Un homme. Chronopost ? Un homme. Dentressangle ? Un homme. Amazon ? Un homme. Vente privée ? Un homme. GRTGaz ? Un homme. Martin Brower France ? Un homme. ITM Logistique alimentaire International ? Un homme. Kuene+Nagel ? Un homme. Keolis ? Un homme. CMA CGM ? Un homme ! Geodis ? Une femme !!!!! Bref, on peut vous faire la liste exhaustive, le résultat est à l’image de ce petit aperçu : dans le transport et la logistique, le ratio des dirigeants de grandes entreprises est de 9 femmes pour… 150 hommes, en moyenne. Et on ne vous parle que des PDG. Mais si vous faites le même exercice pour les DG, les directeurs des Ressources Humaines, les Directeurs de la Communication, tous les directeurs de toutes les directions de toute façon, vous avez le même résultat. En clair, malgré les quotas, les grandes entreprises du transport et de la logistique restent toujours aussi sexistes. Seules les PME ont bien progressé depuis la loi sur la parité, votée il y a 5 ans. Dans les Petites et Moyennes Entreprises en France, environ un tiers des dirigeants sont des dirigeantes. On n’est pas encore à 50/50, c’est clair, mais c’est quand même un vrai progrès. Du côté des salariés Là encore, on progresse, mais le transport et la logistique restent des métiers où les femmes peinent à se faire une place. D’ailleurs, le plus souvent, à cause des préjugés bien davantage que du fait de la pénibilité des tâches. Car depuis quelques années maintenant, les postes les plus pénibles sont de mieux en mieux aménagés et surtout, la robotisation intelligente a permis aux salariés d’être aidés par des machines pour les missions les plus ingrates et les plus fatigantes dans leur travail. Evidemment, il faudrait être naïf pour dire que tout est tout rose (c’est le cas de le dire !) aujourd’hui et que les métiers du transport et de la logistique sont désormais de tout repos. Ce serait un mensonge. Il n’empêche : pour de très nombreux emplois, une femme peut faire l’affaire aussi bien qu’un homme, et pourtant, au moment du recrutement, elles sont beaucoup moins nombreuses à être finalement retenues que leurs confrères mâles. « Même si le secteur des transports se féminise petit à petit ces dernières années, nous peinons à faire reconnaître qu’il existe des expertes, des professionnelles de talent dans ces métiers du transport et sur les questions du transport en général, en terme de réflexion sur la société ou de prospective pour le développement de ce secteur », explique le collectif Femmes en Mouvement, dédié aux femmes qui travaillent dans les métiers de la mobilité. « Le transport et la logistique sont des secteurs historiquement masculins, si vous vous rendez à un colloque sur l’un de ces deux sujets, vous verrez : les intervenants comme le public sera à 100% masculin ! Nos grandes entreprises sont dirigées par des hommes, une majorité de nos PME aussi, nos syndicats sont dirigés par des hommes, et parmi les travailleurs de base c’est encore en majorité des hommes qui sont recrutés prioritairement sur les postulantes féminines, pour des postes pourtant parfaitement adaptés aux deux sexes ». Et ce n’est pas qu’une impression : selon l’Observatoire Prospectif des Métiers et Qualifications dans les Transports et la Logistique (OPTL), sur les 650 000 emplois du transport et de la logistique en 2013 (année de la dernière étude), seuls 20% étaient occupés par des femmes, et seulement 10% dans les métiers de la conduite, toutes branches confondues. Raphaëlle Franklin, directrice générale d’OPCA Transports et Services, Organisme paritaire dédié au financement de la formation professionnelle dans les transports, estime pourtant que « la conduite des femmes est appréciée par les patrons qui les embauchent, parce qu’elle est plus économique et souvent plus sûre que celle d’un homme. Elles ont aussi plus de rigueur, elles sont mieux organisées, elles sont moins belliqueuses sur la route et moins souvent prises dans des conflits avec d’autres chauffeurs ou d’autres automobilistes. Elles sont aussi moins verbalisées ! Et ce n’est pas pour cela qu’elles sont plus lentes, elles atteignent généralement mieux leurs objectifs qu’un salarié homme sur une mission équivalente. Et aujourd’hui, la technologie des camions que l’on conduit, la qualité de l’amortissement, de la répartition des charges, de la conduite automatique etc… ne les place plus sur un plan de faiblesse physique par rapport à leurs collègues hommes ». De la même manière, pour les branches logistique, manutention ou magasinage, les chariots et les robots permettent aujourd’hui à une femme d’occuper facilement la plupart des postes, et sans se fatiguer ou s’abîmer plus, physiquement. « Et au niveau de la réflexion sur un poste, les femmes sont globalement plus minutieuses, plus appliquées, plus rigoureuses dans la cadence et la précision des gestes, et elles rationalisent mieux leur temps et leur énergie, ce qui donne au final une excellente productivité ! », estime un directeur logistique, qui préfère quand même qu’on ne donne pas son nom « parce que ce serait mal vu par mes salariés hommes que je vous dise ça, je préfère qu’ils ne me reconnaissent pas ! ». Bon… pour la parité au niveau des compliments aussi, il y a encore du boulot ! Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT