Chauffeur de car scolaire : un métier à part

26 août 2013 Métier Marie MEHAULT
Temps de lecture : 3 minutes

ecoleJ-9 avant la rentrée scolaire : professeurs, instituteurs, directeurs se préparent à la reprise dans les écoles, mais il est un métier qu’on oublie souvent et qui, pourtant, s’apprête à faire sa rentrée lui aussi ! Le chauffeur de bus scolaire, acteur indispensable et incontournable du quotidien de millions d’élèves français chaque année.

« C’est mon métier depuis 6 ans », explique Terry, 27 ans. « Ce que j’aime en fait, c’est le contact avec les enfants, et le fait d’être autonome, d’être seul maître à bord. Evidemment c’est une grosse responsabilité. En plein hiver, quand il y a des barrières de dégel, parfois, j’ai des angoisses ! Il faut savoir rassurer les enfants, changer de route et dévier son itinéraire… Pas évident tous les jours, mais au moins je n’ai pas de routine. »

conducteur« Moi je fais ça depuis 35 ans ! », raconte George, tout fier. « C’est toute ma vie, j’adore ça. Travailler avec les enfants, c’est un métier à part. Il faut être rigoureux au niveau des horaires, on ne peut pas leur demander d’apprendre la ponctualité si on ne leur montre pas le bon exemple ! Il faut être patient, pédagogue. Ce sont des enfants, il faut savoir gérer les conflits, avoir le mot juste au bon moment ! Etre vigilent, aussi, quand ils montent ou descendent, vérifier qu’ils mettent leurs ceintures parce que maintenant c’est obligatoire… Il faut aimer les enfants, de toute façon, si on ne les aime pas on ne peut pas faire ce métier. »

carsMardi prochain, Terry et George reprendront du service, comme leurs petits passagers. Départ 6H20 du garage, il faut se lever tôt… mais ensuite, pendant l’école, entre 11H et 16H15, c’est temps libre ! Nouveau service scolaire à 16H30, fin du service à 18H30. Il faut s’adapter, ce n’est pas évident, l’emploi du temps a des allures de gruyère ! Mais l’immense avantage du métier, c’est de pouvoir profiter des week-ends, et de l’intégralité des vacances scolaires. Le tout, pour un salaire de 1200 à 2000 euros, environ. Un petit salaire, mais cela n’a pas découragé Patricia, 45 ans, de quitter sa teinturerie pour se reconvertir ! « Devant mon pressing, je voyais tout le temps les cars passer, avec les petits bambins qui partaient pour l’école ou le collège. Je me disais que j’aimerais vraiment faire ce métier. Un jour, j’ai franchi le pas ! »

bus_scolairePatricia a personnalisé son car avec les dessins, les cadeaux offerts par les enfants : des mobiles en pâte à sel, des pompons, etc…. 14 ans après avoir changé de vie, elle ne se lasse pas de sillonner les lignes scolaires. De plus en plus de femmes pratiquent cette profession, même si elles ne sont encore que 12 pour 25 hommes, dans l’entreprise de Patricia. « Chacun de nous est responsable de son car, c’est notre deuxième maison. Franchement j’adore ça. J’encourage les petites filles à faire ce métier, c’est un très beau métier. » 

busPatricia effectue environ 3000 kilomètres par mois, sur les petites routes de son village. Elle connaît les enfants, les enfants la connaissent, et c’est ce relationnel là aussi, qu’elle apprécie : « Chaque fin d’année scolaire, j’ai un gros pincement au cœur. Il y a les déménagements, les changements d’école, ceux qui partent en pension… je sais que je n’en reverrai pas certains. Mais à chaque rentrée, c’est le contraire, je suis folle de joie : je découvre de nouveaux visages, surtout les tout petits qui rentrent en maternelle, ils me font craquer ! Et tout au long de l’année, on apprend à se connaître… un vrai plaisir. »

Un métier qui nécessite évidemment une formation particulière, avec de nombreuses heures de stage et de pratique. Pas de problème d’alcool connu et un casier judiciaire vierge sont par ailleurs des conditions indispensables… Car 4 millions d’enfants empruntent les transports scolaires chaque jour, dont deux millions en zone rurale.

 

Marie MEHAULT