Logistique des déchets : un métier d’avenir

27 mai 2013 Métier Marie MEHAULT
Temps de lecture : 4 minutes

dechetsL’élimination des déchets prend de plus en plus de place dans notre société, préoccupée par les questions écologiques et la diminution des coûts de traitement. C’est toute une logistique, dont les schémas sont de plus en plus complexes et élaborés. Des métiers d’avenir, forcément amenés à se développer, même si en parallèle, l’automatisation s’accélère dans ce secteur.

 

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Si l’évolution des différentes réglementations a amené à diminuer la production de déchets, leur tri, de plus en plus sélectif, demande aujourd’hui de plus en plus de compétences, et de plus en plus de  personnel. En commençant par le transport de la matière, puis à chaque étape du traitement des différents types de déchets. Même si le secteur s’est amélioré ces dernières années, il aura besoin dans un futur proche de transformations encore nombreuses, obligatoirement génératrices d’emplois : « La logistique, donc l’optimisation des flux de déchets, a été mise en place de façon empirique dans les collectivités », explique Christophe Ripert, ingénieur à la Direction de l’Air et des Transports de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). « Le transport de ces déchets, essentiellement par voie routière, suppose encore des coûts importants et un impact négatif sur la circulation des véhicules ».

tri_dechetsEn attendant de trouver la meilleure solution pour optimiser les transports de déchets, par exemple avec la création de stations de proximité un peu partout, de nombreux centres de tri améliorent progressivement leur fonctionnement, pour une logistique plus rentable, plus efficace, plus écologique, n’ayant pour autant pas forcément un impact négatif sur les salariés. Ainsi, au Centre de tri des emballages du Calaisis, 3.2 millions d’euros d’investissements ont été injectés dans la structure pour valoriser plus efficacement 11 000 tonnes de déchets par an. Pourtant cet outil de travail n’avait que huit ans.

« Huit ans, c’est un peu la durée de vie moyenne des centres de tri », explique le directeur du Centre. « La collecte des déchets évolue, les valorisations évoluent également, nous avons donc consacré deux ans à étudier tous les paramètres de cette installation avant sa mise en place effective. » Un recyclage de pointe a donc été mis en place, basé sur une large automatisation, sans que le nombre d’emplois sur le site ait eu à en souffrir : « le principal, c’est l’augmentation de la cadence, cela nous a permis 20% d’économies sans sacrifier aucun poste », reprend le Directeur.

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Une cadence, qui était de 3 tonnes à l’heure auparavant et qui atteint 12 tonnes aujourd’hui. Malgré cela, les salariés sont satisfaits : « Avant on avait beaucoup de poubelles pour mettre tous les produits séparés dedans. Maintenant on met tout dans le retour ballot. Et ça retrouve son chemin tout seul», raconte Murielle, la doyenne parmi les employés. « Question confort on est à la hauteur qu’on veut. On est quand même mieux… Même si on fait autant de gestes qu’avant ». Objectif à terme : passer de 3000 à 1300 gestes par heure pour ces « valoristes » de la planète. Qui sont fiers de leur métier.

entreposagePar ailleurs, tout ne se joue pas seulement au niveau des collectivités : les déchets des entreprises représentent 51% des déchets produits en France, pour environ 433 millions de tonnes par an. En pleine crise, la gestion des déchets devient donc un problème crucial pour beaucoup de PME, qui ont besoin d’économiser sur ce poste de dépenses. Cela devrait, dans les années qui viennent, considérablement modifier leur Supply Chain : mutualisation des ressources entre les entreprises d’un même secteur géographique, collaboration renforcée aux initiatives de recyclage (le prix de revente de papier est estimé entre 25 et 300 euros la tonne, le carton jusqu’à 150 euros la tonne, un gain non négligeable sur une année !), création de mini centres de tri en interne…

Ces nouveaux contrats logistiques devraient aussi, à terme, profondément modifier les habitudes de gestion des stocks, des flux, du transport, de l’entreposage et de l’emballage, et de nouvelles pratiques de valorisation entre partenaires, clients et fournisseurs. « La production des déchets s’accroit à un rythme sans précédent dans les pays développés comme dans les pays en développement », explique Eric Mamy, conseil en expertise logistique. « Si les différents organismes en charge de cette problématique ne mettent pas très vite en place un système de pilotage actif des collectes, les coût sera prohibitif ». La collecte des déchets ouvre donc la voie à un développement important de tout le secteur logistique afférent, et à des créations d’emplois inévitables, et nombreuses.

 

Marie MEHAULT