Chirurgie esthétique : quelles compétences pour y travailler ? 18 mars 2013 Métiers Marie MEHAULT Temps de lecture : 3 minutesTout est blanc, vert pâle, lisse et joli. Aseptisé, moderne, confortable. Dans cette clinique spécialisée dans la chirurgie esthétique, l’important c’est que la cliente ait confiance. Le personnel est formé pour ça. Rassurer, convaincre, accompagner, dissuader parfois. Reportage. Le travail dans un établissement spécialisé en chirurgie esthétique est forcément très particulier. Pas le même rapport à la patiente, qui vient ici en demandeuse, et non pas parce qu’il y a une urgence physique ou clinique. Rapport différent à l’argent, évidemment, puisque tout se facture très cher et que rien, à part la chirurgie reconstructrice, n’est pris en charge. Rapport très différent, enfin, à l’acte en soi, préparé, programmé, comme une œuvre d’art. Dans cet établissement privé, tout est beau, propre, à la limite du clinquant. Des fauteuils d’un célèbre designer dans la salle d’attente, et un personnel distingué, raffiné, ballet de blouses blanches qui évoluent en toute discrétion. « On doit se faire oublier, ne pas avoir l’air de marchandes de poisson qui doivent absolument vendre les prestations de l’établissement », explique Cynthia, assistante d’un chirurgien réputé. « C’est uniquement si la cliente en exprime le besoin qu’alors, nous devons être le plus présentes possible, expliquer, rassurer ». Ces établissements sont de plus en plus nombreux à voir le jour en France, mais aussi en Belgique et en Suisse, il suffit de faire quelques kilomètres au-delà de la frontière pour y travailler. Car la demande explose. Alors forcément, on recrute. Un recrutement à la fois « select », et ouvert à tous : « évidemment, pour tout ce qui est médical, infirmières, médecins, chirurgiens, on demande des compétences importantes, on prend les meilleurs », précise un cadre administratif de la clinique. « Mais on recrute aussi beaucoup d’assistantes, qui elles n’ont pas besoin d’une formation très poussée. On les jugera plus sur leur façon de présenter, leur sens du contact, leur douceur, leur empathie, leur capacité à être attentives à combler n’importe quelle demande de la patiente. » N’importe quelle demande ? Enfin, avec certaines limites éthiques, quand même. Car « travailler dans une clinique esthétique, c’est un peu comme travailler dans un casino ! Il y a certaines patientes qui développent une addiction à la transformation chirurgicale, elles sont comme droguées, elles en veulent toujours plus », convient un chirurgien spécialiste de la face. « Nous essayons de les identifier, et de former notre personnel à les repérer. Ce sont des femmes qui n’ont pas confiance en elles, ou qui ont des carences affectives importantes : leur vie a basculé, leur mari les a quittées pour une plus jeune, elles ont perdu leur emploi, et elles comblent ainsi leur boulimie de reconnaissance narcissique. Et puis, il y a celles qui travaillent dans le showbiz, presqu’une majorité des clientes. Elles, elles courent après la perfection et la jeunesse ». Le personnel d’un établissement spécialisé en chirurgie esthétique a donc une très importante responsabilité envers les patientes, ou les clientes, on ne sait pas trop comment les appeler. Car parfois, quand les couches les plus intimes de la personnalité peuvent être dérangées par une transformation ratée ou excessive, quand des sommes d’argent aussi importantes sont en jeu, la déontologie veut que l’on sache dire non. Et c’est cela aussi, être un bon professionnel dans des domaines aussi pointus. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT