Santé et secourisme : les métiers de l’été 16 juillet 2014 Métiers Marie MEHAULT Temps de lecture : 5 minutesL’été, LA saison des vacances, est aussi une période particulièrement propice à l’embauche : les jobs saisonniers sont légion, et tout particulièrement dans le domaine de la santé et du secourisme. Car, pendant que le commun des mortels a posé ses RTT et ses jours de congés payés pour aller se dorer la pilule et se mettre les orteils en éventail, il en est d’autres qui turbinent… Nous les ignorons souvent, car ils font partie du paysage. Mais sans eux, la « zénitude » et la sérénité de nos vacances ne seraient pas les mêmes. Ceux qui surveillent les plages : Du 15 juin au 20 septembre, ils sont là, 7 jours sur 7 de 9 heures à 19 heures : les surveillants des plages, répartis sur tout le littoral, entre 50 et 100 personnes selon la taille des villes balnéaires : salariés de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer), mais aussi pompiers professionnels du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS), CRS et surtout volontaires saisonniers. Pour être là, ils suivent des formations régulières depuis le mois de février, afin d’obtenir le Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA), le diplôme de Premiers secours en équipe (PSE2) et le permis mer. « Nos sauveteurs doivent être prêts à intervenir en moins de 15 minutes depuis les stations de sauvetage réparties le long des côtes », explique un président de SNSM locale. « Chaque année en France, nous portons assistance à quelque 700 personnes en mer, et à plus de 250 bateaux. Au total, en juillet et en août, chaque été, c’est plus de 10 000 personnes auxquelles nous apportons assistance. Car nos mots d’ordre sont la sécurité, mais aussi la prévention. Nous répétons ainsi inlassablement aux vacanciers quelles sont les règles de base pour assurer leur sécurité. Nous sommes particulièrement vigilants auprès des enfants en bas âge et des personnes de plus de 60 ans, plus vulnérables aux hydrocutions, mais aussi aux forts courants marins qui les fatiguent et les font dériver plus vite ». Les pisteurs secouristes en haute montagne Le secourisme spécialisé en haute montagne a longtemps reposé, comme en mer, sur le bénévolat des associations, des sociétés de montagne et des compagnies de guides. Mais depuis un certain nombre d’années, ce sont des unités spécialisées de gendarmerie, de police, de CRS et de sapeurs pompiers qui assurent ces missions extrêmement périlleuses : accidents d’hélicoptères, avalanches, chutes de pierres… En septembre 2012, la Cour des Comptes sort un rapport édifiant qui souligne que ces cinquante dernières années, plus de 35 CRS, plus de 50 gendarmes et une dizaine de pilotes et de mécaniciens ont trouvé la mort dans des opérations de secourisme en montagne. « On pense toujours que nous ne travaillons que l’hiver, quand les stations de ski sont pleines et la fréquentation des stations à son maximum », explique le brigadier chef Gilles Gabas, qui officie dans les Hautes-Pyrénées. « Mais chaque saison apporte son lot d’interventions. En été, 40% des accidents sont liés à la randonnée, avec des entorses, des fractures, ou des traumatismes crâniens. Il y a aussi une forte recrudescence des accidents liés à la pratique du VTT en hors piste ou du parapente. L’alpinisme ne représente qu’une intervention sur 10, en moyenne. Car les amateurs sont plus équipés et plus prudents qu’il y a quelques années. Leur manque de prudence s’est déplacé sur d’autres loisirs. Le GPS a aussi révolutionné notre métier. Surtout que depuis peu, nous sommes aussi habilités à être OPJ, officiers de Police Judiciaire : nous pouvons mener les enquêtes après des accidents en haute montagne ». Pour ces secouristes hors normes, pas vraiment d’emploi du temps régulier, mais des astreintes de 8 jours d’affilée, 24 heures sur 24, avec des rotations pour dormir. Une semaine sur deux. Le reste du temps, les secouristes de haute montagne s’entraînent pour se maintenir en bonne condition physique, et s’occupent également de prévention : sensibilisation du jeune public, formation aux techniques d’intervention en hauteur auprès des médecins de montagne, du GIPN, du RAID… mais aussi des techniciens d’EDF ou des magistrats ! Beaucoup sont aussi guides de haute montagne, moniteur de rafting ou spéléologues. Les « anges gardiens » des autoroutes L’été, la fréquentation des autoroutes est à son comble : avec les départs en vacances de juillet, puis le chassé croisé des juilletistes et des aoûtiens vers le 1er août, et enfin les retours en masse avant la rentrée scolaire de septembre, bison futé voit rouge quasiment en permanence pendant tout l’été. Résultat : le nombre d’accidents augmente proportionnellement pendant la période estivale : ainsi, en juillet et en août, chaque année, on déplore plus de 350 tués sur les routes des vacances en France, et plus de 5000 blessés. Pourtant, l’été 2013, l’an dernier, a enregistré les chiffres les plus bas depuis 1948, avec une diminution de ces tristes statistiques de 5,7% pour les décès. Ces progrès, on les doit beaucoup à ceux que l’on surnomme souvent les « hommes en jaune », ou encore les « anges gardiens des autoroutes » : des équipes spécialisées, largement renforcées l’été par des intérimaires recrutés en nombre pour faire face aux besoins, et qui sont chargées de baliser les travaux, de retirer les objets jetés sur les voies, ou encore d’intervenir au plus vite auprès de conducteurs en panne ou accidentés. « Nous protégeons la vie des ouvriers sur les chantiers, qui sont nombreux l’été sur les routes. Pour cela, nous balisons les zones de travaux et nous délimitons les nouvelles voies de circulation provisoire, et cela 24 heures sur 24 et 365 jours par an », explique Pierre Carcasses, employé chez Vinci Autoroutes. Qui frôle chaque minute plusieurs dizaines de poids lourds et d’automobiles lancés à pleine vitesse. « Quand une voiture est arrêtée sur la bande d’arrêt d’urgence, notre mission c’est aussi d’arriver le plus vite possible pour porter assistance au conducteur et à ses passagers éventuels. Nous sécurisons la zone une centaine de mètres avant le lieu d’immobilisation du véhicule, pour que les autres conducteurs aient largement le temps de s’écarter et éviter le sur-accident. Si nécessaire, nous prévenons les secours, et si c’est juste matériel, nous attendons le dépanneur avec eux ». Enfin, sur les longs trajets vers le repos et le farniente, les usagers des routes sont loin d’être des citoyens irréprochables… Chaque jour, les personnels de surveillance et d’assistance dédiés aux autoroutes ramassent des centaines d’objets jetés sur les voies : débris de verre, déchets ménagers, des vélos, des meubles, et même une fois, une machine à laver ! Un métier à risque, lui aussi : chaque semaine, un véhicule d’intervention est accroché ou percuté. Et sur les voies, la durée de vie d’un piéton n’est que de quelques secondes… L’été dernier en France, les « hommes en jaune » ont porté secours à plus de 50 000 véhicules, sur la route des vacances. Facebook Twitter LinkedIn E-Mail Marie MEHAULT