La sécurité sociale vers un retour à l’équilibre ?

29 septembre 2017 Economie 0 Comments Marie MEHAULT
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Le déficit de la sécurité sociale, celui que l’on a si longtemps surnommé le « trou de la sécu », revient de loin… après avoir atteint des profondeurs abyssales au début des années 2000, il s’est très progressivement résorbé. Jusqu’à atteindre 5 milliards d’euros cette année. Alors l’objectif du gouvernement pour 2018, c’est de continuer à réduire la zone « rouge » pour repasser dans le vert… et de viser « seulement » les 2 milliards d’euros de déficit. Comment les pouvoirs publics comptent-ils y arriver ? Bercy, Matignon et le Ministère de la Santé ont cogité sur différentes solutions. Lors de la présentation du projet de budget pour l’année prochaine, en ce qui concerne la santé des Français, Agnès Buzyn, qui a succédé à Marisol Touraine, et Gérald Darmanin pour les comptes publics, ont mis sur la table les options retenues.

 

D’abord, c’est la lutte contre le tabagisme qui va servir de premier levier, avec une forte augmentation du paquet de cigarettes : un euro de plus en janvier 2018, cinquante centimes supplémentaires dès le mois d’avril 2019, ainsi qu’en novembre 2019 et avril 2020, et enfin quarante centimes de plus en novembre 2020, pour atteindre le chiffre rond de 10 euros le prix du paquet de cigarettes dans presqu’exactement 3 ans donc. « L’ensemble de la somme récupérée par l’Etat grâce à l’augmentation du paquet des cigarettes, doit revenir à l’assurance maladie », a affirmé Agnès Buzyn hier, jeudi 28 septembre 2017, devant les journalistes. Autre mesure : l’augmentation du forfait hospitalier. En clair, chaque nuit passée à l’hôpital ne coûtera plus 18 euros mais 20 euros au patient. Une hausse uniquement remboursée par les mutuelles, donc aux patients bénéficiant d’une prise en charge complémentaire.

 

Une chasse au gaspillage qui ne doit pas occulter certaines bonnes nouvelles pour les contribuables : avec d’abord, un coup de pouce financier pour les familles monoparentales modestes, au niveau des frais de garde d’enfant. L’aide sera revalorisée de 30%, soit 138 euros de plus par mois en moyenne. Petite enfance toujours : la couverture vaccinale de la population sera étendue, avec désormais 11 vaccins obligatoires au lieu de 3. Un sujet très discuté, et qui fait polémique (voir notre papier). Il n’y aura pas d’amende pour les parents récalcitrants, mais ils ne pourront pas, en revanche, inscrire leurs enfants à la crèche ou à l’école.

 

Mais la petite révolution de ce projet de loi pour 2018, c’est un changement majeur au niveau du régime des travailleurs indépendants : le RSI, leur régime social, très décrié pour son inefficacité, ses lourdeurs administratives, ses oublis et ses erreurs, est purement et simplement supprimé. Les indépendants rejoindront le régime général. Ce à quoi une immense majorité d’entre eux aspirait depuis longtemps. Enfin, le gouvernement veut économiser un milliard d’euros sur le prix des médicaments : avec un recours encore plus fréquent aux génériques, et davantage de négociations aussi avec les laboratoires pharmaceutiques.

 

Grand absent de ce plan de financement en revanche : le remboursement à 100% des prothèses dentaires, des appareils auditifs et des lunettes. C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron pour le quinquennat…. Le gouvernement promet des réformes en ce sens en 2019.

 

 

Marie MEHAULT